Voyance en ligne : les plateformes dans l’ombre - Les auto-entrepreneurs sous pression

Sous-traitance déguisée, opacité comptable, manipulation commerciale : le Syndicat professionnel des praticiens des arts divinatoires (SPPAD) alerte sur les dérives de certaines plateformes numériques de voyance, qui exploitent le flou juridique au détriment des professionnels comme des consommateurs.

Parmi les métiers en pleine mutation numérique, celui de voyant ou praticien en arts divinatoires fait face à un paradoxe cruel : hypervisible en ligne, mais invisible dans ses droits. Depuis plusieurs années, des plateformes spécialisées – parfois bien connues du grand public – promettent aux praticiens un accès facilité à une clientèle élargie. Mais en coulisses, ces promesses s’accompagnent d’un système aussi verrouillé qu’opaque, qui suscite l’inquiétude croissante du SPPAD, syndicat de la profession.

Commission sans contrôle, clients invisibles

Les voyants inscrits sur ces plateformes sont officiellement indépendants, souvent en micro-entreprise. En réalité, leur activité est entièrement contrôlée par les plateformes en cause: pseudonyme imposé, interdiction de contact direct avec les clients, obligation de rester exclusivement joignables via l’interface numérique.

« Le voyant ne sait même pas combien le client a payé », dénonce un porte-parole du SPPAD. « Il reçoit une commission, sans transparence sur les montants encaissés, ni sur le mode de calcul. Pourtant, c’est à lui que l’URSSAF demande de justifier ce chiffre d’affaires. » Un double redressement est parfois infligé : sur la somme globale encaissée par la plateforme, mais aussi sur la part reversée, faute de clarté comptable.

Des visages inconnus, des pratiques discutables

Au-delà du sort réservé aux praticiens, le syndicat tire aussi la sonnette d’alarme sur le manque de professionnalisme grandissant de certaines plateformes, qui recrutent des profils « purement commerciaux », sans aucune connaissance ni formation dans les arts divinatoires. « Ces individus sont sélectionnés pour leur bagout, leur capacité à manipuler psychologiquement, pas pour une quelconque compétence ésotérique », ajoute le syndicat.

Une tendance qui inquiète aussi l’INAD (Institut National des Arts Divinatoires), régulièrement sollicité par des consommateurs abusés, parfois psychologiquement fragiles. Certains témoignages font état de pratiques agressives : prolongation forcée des consultations, annonces alarmantes incitant à « acheter une autre séance », ou promesses de miracles tarifés.

La presse s’est régulièrement fait l’écho de ces dérives, dénonçant un secteur où l’éthique est reléguée derrière le chiffre d’affaires.

Dépendance économique et invisibilité juridique

Le modèle économique de ces plateformes repose sur une ambiguïté soigneusement entretenue : elles encaissent les paiements clients, mais se présentent comme de simples intermédiaires techniques, ni employeurs, ni commerçants directs. Une position qui leur permet de refuser toute responsabilité en cas de litige, de contrôle URSSAF ou de demande d’information.

« On est dans une logique d’ubérisation pure, mais sans aucun des garde-fous que le droit du travail impose aux plateformes de VTC ou de livraison », analyse un juriste spécialisé. « La dépendance économique est totale, mais juridiquement masquée. »

Un appel à l’État et aux autorités de contrôle

Le SPPAD appelle aujourd’hui les pouvoirs publics à se saisir du dossier. Le syndicat réclame la requalification de certaines situations en salariat déguisé, ainsi qu’une enquête sur les pratiques commerciales trompeuses à destination du grand public.

Car derrière les promesses d’écoute bienveillante et de guidance spirituelle, c’est une industrie froide et lucrative qui s’est organisée – bien loin de l’image traditionnelle de la consultation individuelle, intime et responsable.

Le Bureau du SPPAD

* Pour en savoir plus: https://inad.info/blog/juridique/765-les-plateformes-de-voyance-tenda

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